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Pierrette Witkowski donne quelques pistes pour identifier les sujets qui tireront bénéfice d’une chirurgie bariatrique et ceux pour lesquels cela risque d’être un échec.

Les patients obèses sont souvent vulnérables sur le plan psychique et la chirurgie bariatrique modifie leurs défenses en agissant sur le corps et l’image du corps à travers l’amaigrissement, les capacités relationnelles du patient, la gestion des émotions et du stress. Ces effets peuvent être positifs ou négatifs selon la vulnérabilité psychique du patient qui doit être obligatoirement évaluée en préopératoire. Il faut identifier et traiter les contre-indications immédiates à la chirurgie (troubles psychiatriques décompensés, dépression, addiction. . .), identifier les troubles du comportement alimentaire « vie entière » et traiter ceux actuels. On écartera les patients dont les ressources intellectuelles sont insuffisantes pour permettre un consentement éclairé et une bonne compréhension des exigences du suivi post-opératoire. Une recherche exhaustive des antécédents psychotraumatiques, de comorbidités psychiatriques (dépressions, tentatives de suicide, psychoses. . .), des antécédents addictifs (tabac, alcool, toxicomanies, comportementales. . .), des troubles graves de personnalité est indispensable.

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Un pronostic global peut être fait d’emblée en étudiant la place du comportement alimentaire dans la vie psychique et relationnelle du patient. Le pronostic est bon si les troubles psychiques sont secondaires à l’obésité, la chirurgie aura alors un effet globalement bénéfique et la perte de poids sera durable. Il est mauvais si les troubles psychiques sont préalables aux troubles du comportement alimentaire et à l’obésité. L’existence d’un trouble de comportement alimentaire « vie entière » (binge eating disorder, compulsions sub-syndromiques, hyperphagie nocturne et antécédents anorexie/boulimie) est un facteur prédictif d’échec. Certains troubles graves de la personnalité génèrent aussi des problèmes d’observance, de perte de vue et de carences : les personnalités borderline et psychopathe (impulsives, intolérantes à la frustration, bascule addictive), les personnalités passives dépendantes, évitantes (manque de ressources internes, peu autonomes), phobiques (ne sortent pas de chez eux pour les consultations). L’isolement social se surajoute aux freins liés à ces personnalités. Concernant les pertes de vue, les critères le favorisant sont le jeune âge, le chômage, les personnalités pathologiques. Ceux favorisant le suivi sont le binge eating disorder, un âge plus important et un emploi. Pierrette Witkowski conclut que compte tenu de la vulnérabilité psychique de ces patients, il est important de prévoir une prise en charge psychologique post-opératoire, menée par un psychiatre ou psychologue formé. Les psychothérapies cognitivo-comportementales sont parmi les aides les plus efficaces.

 

Source : Pierrette Witkowski. Journées franco- phones de nutrition 10 au 12 novembre 2021—Lillehttps://www.lesjfn.fr

« © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».

Date de publication : 01/04/2022

 

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