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L’activité physique comme stratégie de prévention de la maladie de Parkinson ? C’est ce que suggère les données de la cohorte E3N de 100 000 femmes suivies pendant 29 ans par des chercheurs de l’Inserm, de l’université Paris-Saclay et de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) avec Gustave Roussy.

La maladie de Parkinson, est la deuxième maladie neuro-dégénérative la plus fréquente en France et à ce jour il n’existe pas de traitement curatif. La prévention est donc le seul moyen d’action. Quelques études avaient déjà montré que le risque de développer cette maladie était réduit chez les hommes très actifs physiquement. Les femmes étaient trop peu nombreuses dans ces travaux pour que l’on observe une association, la durée de suivi était relativement courte et il n’y avait qu’une seule évaluation de l’activité physique.

La plus grande cohorte de femmes atteintes de Parkinson

La cohorte E3N, constituée de 100 000 femmes suivies depuis 1990 est le support idéal pour s’intéresser à l’impact de l’activité physique sur la survenue de la maladie de Parkinson. En 2018, près de 1200 femmes atteintes de cette maladie ont été identifiées et ceci constitue la plus grande cohorte prospective féminine au monde pour cette maladie. Tout au long des 29 années de suivi, l’activité physique de ces femmes a été évaluée à l’aide de six questionnaires individuels, remplis 5, 10, 15 et 20 ans avant le diagnostic de la maladie puis après le diagnostic.

Une activité physique élevée réduit le risque de Parkinson

Les chercheurs ont observé que plus les participantes avaient une activité physique importante et moins elles risquaient de développer la maladie. Les femmes les plus actives présentaient un risque réduit de 25 % par rapport aux moins actives. Et à contrario, les femmes atteintes par la maladie étaient moins actives que les autres tout au long du suivi, y compris plus de 20 ans avant le diagnostic. Cet écart entre les femmes malades et non malades augmentait encore dans les 10 années précédant le diagnostic, ce qui suggère que les symptômes précurseurs survenus dans cet intervalle pourraient effectivement être responsables d’une baisse de l’activité physique chez les femmes qui développeront la maladie mais n’ont pas encore été diagnostiquées.

Une action directe sur la fonction motrice

L’IMC, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, le diabète et les maladies cardiovasculaires n’étaient pas impliquées dans l’association inverse entre l’activité physique et la maladie de Parkinson. Les auteurs penchent plutôt pour un effet protecteur direct de l’activité physique notamment par le biais de la réserve motrice. 
Des travaux chez l’animal suggèrent, en effet, que l’activité physique induit une récupération de la fonction motrice et une neuroprotection des neurones dopaminergiques. Elle régule aussi la transmission dopaminergique et glutamatergique, mobilise les facteurs neurotrophiques (BDNF/GDNF), module les mécanismes neuro-inflammatoires, atténue le dysfonctionnement mitochondrial et le stress oxydatif, et améliore la plasticité cérébrale.

Chez l’homme, l’activité physique a été associée à des changements structurels et fonctionnels du cerveau jusqu’à la fin de l’âge adulte. Chez les femmes ménopausées, des niveaux de forme physique plus élevés ont été associés à une activité enzymatique antioxydante plus importante et à des niveaux de stress oxydatif plus faibles.

Des résultats qui sont donc en faveur d’un effet protecteur de l’activité physique sur le risque de Parkinson chez les femmes et ce, même sur du long terme.

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Activité physique : en faire un élément majeur du parcours de soin

Source : Portugal B et al. Association of physical activity and Parkinson’s disease in women : Long-term follow-up of the E3N cohort study. Neurology 2023. DOI: 10.1212/WNL.0000000000207424
C. Costa © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Date de publication : 03/10/2023

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