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Sommaire

À peine un quart de la population suit les recommandations du Programme National Nutrition Santé, avec des disparités régionales marquées.

Les Français respectent peu les recommandations du PNNS sur les fruits et légumes, les légumineuses, les féculents (produits céréaliers) complets et les boissons sucrées. C’est ce que l’on peut conclure d’une étude publiée dans le dernier Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire où les auteurs ont analysé les données issues du Baromètre de Santé publique France de 2021 (24 514 sujets de 18 à 65 ans résidant en France et 6519 sujets dans les DROM) en comparant les fréquences de consommations de ces cinq groupes d’aliments par rapport à celles des recommandations du PNNS. Les facteurs sociodémographiques associés aux fréquences de consommations ont également été relevés.

Seulement un quart des Français respecte les recommandations

Concernant la consommation de fruits et légumes, 19,3 % des hommes et 25,2 % des femmes résidant en métropole déclarent en consommer au moins 5 par jour. Les hommes sont plus susceptibles de ne pas respecter ces recommandations, 65,5 % d’entre eux étant de petits consommateurs contre 57,1 % des femmes. Au sujet des féculents complets (pain, pâtes, riz), 28,9 % des hommes et 26,2 % des femmes déclarent en consommer quotidiennement. Ce respect des recommandations est plus élevé chez les jeunes adultes (18—24 ans) et diminue avec l’âge. Pour les légumes secs, près de 23 % des adultes en consomment au moins deux fois par semaine (ce qui correspond à la recommandation), sans différence significative entre les sexes. Elle est plus fréquente chez les personnes ayant un niveau de diplôme plus élevé et vivant dans des zones urbaines densément peuplées comme l’agglomération parisienne. Enfin, les boissons sucrées sont consommées à raison de plus d’un verre par jour par 18,2 % des hommes et 11,9 % des femmes. Elles sont plus susceptibles d’être consommées en excès chez les hommes, les jeunes adultes et les personnes ayant un faible niveau de revenu et de diplôme.

Un niveau d’adhésion associé aux facteurs sociodémographiques

Le respect des recommandations du PNNS varie selon l’âge, le niveau de diplôme, la situation professionnelle, le revenu, le type de ménage et la taille de la commune de résidence.

La proportion de petits consommateurs diminue avec l’âge, passant de 72,9 % chez les 18—24 ans à 46,3 % chez les plus de 75 ans. Les personnes ayant un niveau de diplôme égal ou supérieur au baccalauréat ainsi que les cadres, professions intellectuelles supérieures et professions intermédiaires sont moins souvent de petits consommateurs (57,4 % versus 63,6 %). Les personnes vivant en couple sans enfant sont moins souvent de petits consommateurs par rapport aux célibataires (54,8 % versus 60,4 %). Les personnes vivant dans l’agglomération parisienne sont moins souvent de petits consommateurs comparées à celles vivant dans des villes moyennes (59,1 % versus 62,4 %). Ainsi, la consommation d’au moins 5 fruits et légumes par jour est associée au fait d’être une femme, d’avoir un niveau de diplôme égal ou supérieur au bac et d’occuper une profession intellectuelle supérieure ou une profession intermédiaire, et augmente avec l’âge.

Une fréquence de consommation de légumes secs d’au moins 2 fois par semaine augmente avec le niveau de diplôme et le fait de vivre en agglomération parisienne, et diminue lorsque les niveaux de revenus sont élevés. Le revenu est également associé négativement à la fréquence de consommation de féculents complets. Les femmes sont moins nombreuses (26,0 %) que les hommes (28,9 %) à en consommer au moins une fois par jour, et les 18—24 ans le sont plus (33,6 %) que les plus de 25 ans (25,5 %).

Au sujet des boissons sucrées, les hommes en consomment plus souvent que les femmes (18,4 % en consomment plus d’un verre par jour versus 12 % des femmes), les personnes ayant un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat davantage que les autres, les cadres et professions intermédiaires moins souvent que les autres, et la consommation de ces boissons sucrées diminue avec l’âge.

Une adhésion réduite dans certaines régions

En France hexagonale, les Hauts-de-France présentent souvent des situations défavorables en termes de consommation des groupes d’aliments analysés, surtout chez les femmes. Les recommandations sont également moins respectées dans quelques autres régions comme la Normandie et le Grand Est. Concernant les fruits et légumes, les régions Hauts- de-France, Normandie et Grand Est se distinguent par une moindre adhésion aux recommandations. Concernant les féculents complets, l’adhésion aux recommandations est plus élevée en Île-de-France (hommes), dans le Grand Est (femmes) et moins élevée en Occitanie (hommes), et en Auvergne-Rhône-Alpes (femmes). Concernant les légumes secs, l’adhésion aux recommandations est plus élevée en Île-de-France (hommes) et en Nouvelle-Aquitaine. Elle est moins élevée dans les Hauts-de-France et en Normandie (hommes seulement). En ce qui concerne les boissons sucrées, les Hauts-de-France se distinguent par une consommation plus élevée que l’ensemble de la France hexagonale alors que l’Auvergne-Rhône-Alpes (femmes), les Pays de la Loire (hommes) et la Bretagne (femmes) se distinguent par des pourcentages moins élevés.

Des situations contrastées dans les DROM

Les départements et régions d’outre-mer présentent des situations contrastées par rapport à la France hexagonale. En Guyane, on observe un plus grand nombre de petits consommateurs de fruits et légumes, et une moindre adhésion aux recommandations, tant pour les hommes que pour les femmes. La Guadeloupe, bien qu’ayant également plus de petits consommateurs de fruits et légumes, présente un meilleur niveau d’adhésion aux recommandations. En Martinique, on note moins de petits consommateurs de fruits et légumes chez les femmes, mais une plus faible consommation de féculents complets, tant pour les hommes que pour les femmes. En ce qui concerne les légumes secs, les quatre DROM ont des fréquences de consommation conformes aux recommandations, plus élevées qu’en France hexagonale, pour les deux sexes. Enfin, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane ont des pourcentages plus élevés de consommateurs excessifs de boissons sucrées, tandis qu’à La Réunion, ces pourcentages sont moins élevés, mais uniquement chez les femmes.

Des niveaux d’adhésion différents de ceux de l’étude Esteban

Comparées à l’étude Esteban (2014—2016), les données du Baromètre rapportent des pourcentages inférieurs de respect des recommandations pour les fruits et légumes et les féculents complets. Par exemple, 19,3 % des hommes consomment au moins cinq fruits et légumes par jour dans le Baromètre, contre 30,6 % dans Esteban. Pour les féculents complets, les chiffres sont de 28,9 % contre 34,1 %. En revanche, le respect des recommandations pour les légumes secs est supérieur dans le Baromètre.

Ces données viennent compléter celles relatives à la sédentarité et l’activité physique recueillies dans ce même Baromètre. Elles permettent de noter que la région Hauts-de-France semble cumuler des indicateurs nutritionnels défavorables alors que les DROM apparaissent très contrastés, d’où la nécessité de mieux les décrire (par exemple en termes de situations géographiques très contrastées au sein d’un territoire ou encore d’accès à certains groupes d’aliments comme les produits laitiers...) pour mieux orienter les actions spécifiques à mettre en place sur chacun de ces territoires. Les données de ce Baromètre 2021 devraient donc permettre de mieux orienter les projets régionaux de santé, de façon à favoriser la planification et la programmation des moyens.

Source :  Deschamps V, Salanave B, Verdot C. Fréquences nationales et régionales de consommations alimentaires par rapport aux recommandations nutritionnelles des adultes fran¸cais : résultats des Baromètres 2021 hexagonal et DROM de Santé publique France. Bull Epidemiol Hebd 2025;(8):112—23. https://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2025/8/2025 8 1.html

C. Costa © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Date de publication : 16/09/2025

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