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L’inflation dans le secteur alimentaire conduit les consommateurs à de nouveaux arbitrages. Les experts du SIAL présentent les tendances en cours.

Le rendez-vous mondial de l’innovation alimentaire, le SIAL, est l’occasion de faire le tour des tendances produits et des attentes consommateurs. Si l’alimentation est toujours au cœur des préoccupations quotidiennes de chacun, l’inflation s’est invitée depuis deux ans et l’écart se creuse parfois entre aspirations à long terme et contraintes immédiates. Les experts partenaires de l’évènement (Kantar, ProtéinesXTC et Circana) notent plusieurs tendances.

Une nécessaire adaptation

L’inflation dans le secteur alimentaire a atteint des niveaux historiques, dépassant souvent le taux d’inflation globale. Sous le coup de cette hausse des prix, les dépenses alimentaires s’élèvent mais la hausse des prix conduit à une baisse des volumes achetés. La décroissance devient un levier de préservation du pouvoir d’achat, avec le fractionnement des achats et le changement de marques et/ou d’enseignes. Ainsi, 44 % des consommateurs ont modifié leurs achats pour cause d’inflation. Les européens optent majoritairement pour les promotions et offres spéciales ainsi que pour des marques moins chères. Malgré le ralentissement de l’inflation depuis plus de 18 mois, les augmentations de salaire et la baisse progressive des taux d’intérêt, la consommation n’a pas encore repris en Europe et encore moins en France, particulièrement touchée par la hausse des prix et l’augmentation de la précarité. Même si 65 % des personnes dans le monde se disent prêtes à payer plus cher pour des produits plus sains, sa traduction n’est pas visible dans les actes d’achat.

De nouveaux arbitrages de consommation

Pour maîtriser leurs dépenses, 70 % des consommateurs pensent que cuisiner soi-même est un bon moyen par rapport à l’achat de plats préparés/produits transformés (+4 pts). Cette proportion dépasse 80 % en France (81 %, +7 pts), avec un net recul des achats de plats préparés cette année (5,3 % en volume). En réponse à cela, les marques rationalisent, soit par l’hyper simplicité du produit, sans valeur ajoutée à incidence prix excessive, soit par un travail sur les volumes et le conditionnement, du grand format à la juste quantité. A côté de cela, le plaisir de la sortie au restaurant reste toujours une motivation forte. Pour continuer à en profiter, une majorité de consommateurs met en place de nouveaux arbitrages. Plus de la moitié des européens choisissent le restaurant en fonction des prix, diminuent leurs consommations et recherchent les promotions.

Trois tendances en cours

Trois tendances affirment la place centrale de l’alimentation dans nos vies : le plaisir, le lien avec les autres, et l’attention à sa santé.

Le plaisir

La place centrale du plaisir se renforce, à la fois dans les attentes et dans les innovations, associée à un besoin croissant de compensation (une personne sur deux en Europe) induit par l’accumulation des crises. L’alimentation est une valeur refuge par excellence. Pour quatre personnes sur dix, le réconfort arrive en tête des motivations associées au plaisir de manger. La dimension plaisir est particulièrement notable chez les plus modestes et les plus fragiles, pour qui manger tend à devenir la principale source de plaisir accessible. On recherche de nouveaux goûts — avec des scores supérieurs à la moyenne dans les pays comme la Chine, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud-Est, l’Inde et le Nigéria. Dans les autres régions du monde, malgré ou à cause de la crise, la sophistication des recettes ou ingrédients est au rendez-vous dans les rayons pour des produits à forte valeur ajoutée. Au restaurant, c’est dans l’assiette que se loge l’émotion, avec le plaisir de savourer ce que l’on ne cuisine pas chez soi (pour 63 % des consommateurs en Europe, où la sortie au restaurant est une habitude fortement ancrée).

La convivialité

Après la pause forcée de la pandémie, l’alimentation est vécue comme une affaire éminemment collective avec le retour en force de la convivialité pour mieux résister aux préoccupations du moment. Le moyen aussi de tisser des liens dans le temps (le retour des traditions et aussi des ingrédients oubliés) et dans l’espace avec les explorations gastronomiques exotiques, toujours motivantes pour le consommateur. Pour un consommateur mondial sur quatre, recevoir chez soi participe au plaisir de manger. Un score qui monte à une personne sur trois en France et au Moyen- Orient, et qui descend à une personne sur cinq en Espagne où la vie sociale prend davantage place dans l’espace public. Près d’une personne sur quatre apprécie particulièrement les plats traditionnels. Le retour aux sources devient gage de qualité, et les marques commencent à rivaliser de relancements aux couleurs vintage (packaging et produits « originaux »).

La santé

Même si l’on assiste au retour en force du plaisir, la recherche d’une alimentation saine reste une priorité pour le consommateur. L’assiette est le lieu d’attention à soi, avec la santé comme première raison de changer de comportement alimentaire : une optimisation de soi en tant qu’organisme. . . ou de manière plus douce la recherche d’un équilibre holistique, avec toujours la naturalité comme élément de réassurance numéro 1. L’assiette est LE lieu d’attention au monde, avec un état d’esprit consommateur de plus en plus « responsable » et une nouvelle radicalité affichée dans les comportements. Dans tous les cas, le besoin d’être soutenu par une offre lisible, transparente et accessible s’affirme. La sécurité sanitaire est un sujet : 74 % des personnes pensent que leur alimentation peut présenter un risque pour leur santé, un chiffre en progression (+4 points) notamment aux États-Unis et en Europe. Les attentes de réassurance persistent et les consommateurs se tournent vers des signes facilement décodables (attention marquée aux ingrédients +7 pts à 44 %), choix de produits peu transformés (72 % +2 pts), préférence pour des produits locaux et de saison (53 %). Si la part des végétariens dans la population reste marginale (< 5 %), la végétalisation de l’alimentation s’installe avec l’adoption d’un régime flexitarien, un comportement qui s’installe aussi dans le monde (+3 points, 44 %).

Les analystes concluent que l’alimentation occupe toujours une place centrale dans notre vie, source d’émotions, de plaisir et de lien social, mais que cela ne se fait pas au détriment d’une recherche de naturel, de sain, de local et durable. Pour y répondre, les industriels relancent les innovations (qui avaient été mises à l’arrêt en 2022) et le plaisir est l’axe privilégié devant la santé, la forme, l’éthique et la praticité sans que pour autant la valeur santé des aliments soit toujours en tête de gondole. Pour la restauration, la reprise post-COVID apparaît comme assez lente en raison du contexte international (conflits internationaux, inflation) et le secteur peine à se remettre dans un marché tendu par une concurrence exacerbée et dans lequel le consommateur cherche à préserver son pouvoir d’achat.

Reference

Salon   International    de    l’Alimentation    SIAL 19—23 octobre 2024. https://www.sialparis. com/fr-FR/-/media/files/SIALPARIS PDF/Livre-blanc/Livre- blanc-SIAL-Insights-2024

C. Costa © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Date de publication : 20/12/2024

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