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Allaitement et diversification alimentaire des tous petits progressent selon la seconde édition d’Epifane, mais dans un contexte particulier.

Santé publique France vient de publier les résultats de la seconde édition de l’enquête Epifane. Menée en 2021 auprès de plus de 3500 mères en France, elle décrit l’alimentation des enfants dans leur première année de vie, leur état de santé et de développement, l’état de santé des mères, et leur environnement. Pour rappel, la première édition (2012—2013) rapportait une chute de l’allaitement maternel après le premier mois de vie de l’enfant et une introduction trop tardive des œufs et des matières grasses lors de la diversification (cf. CND 2016 ; 51(4)). Les résultats de cette seconde édition sont encourageants.

Soixante-dix-sept pour cent des enfants allaités à la maternité

Concernant l’allaitement, 77 % des enfants sont allaités à la maternité contre 74 % lors de la première édition de l’étude en 2012. L’objectif de 75 % fixé par le PNNS 4 (2019—2023) est donc atteint et même dépassé. La durée médiane de l’allaitement (exclusif + mixte) a progressé de 15 à 20 semaines sur 2012—2021. L’objectif du PNNS 4 de 17 semaines est lui aussi dépassé. À 6 mois, plus du tiers des enfants étaient encore allaités en 2021 contre moins d’un quart en 2012. À 12 mois, 18 % des enfants étaient encore allaités en parallèle de la diversification.

En revanche, la recommandation du PNNS d’allaiter son enfant de façon exclusive au moins jusqu’à 4 mois reste non appliquée pour la majorité des enfants. Dès la maternité, la moitié des nourrissons avaient consommé des préparations pour nourrissons, et à 4 mois, seuls 13 % des enfants étaient allaités de façon exclusive, et 17 % de façon prédominante ou exclusive. Les principales raisons de l’arrêt de l’allaitement (76 % des mères) sont le fait de trouver le biberon plus pratique, notamment pour faire davantage participer le père, et l’insuffisance ressentie de la production de lait maternel. Viennent ensuite les problèmes liés à la mise au sein (57 %) et les problèmes d’organisation et de manque de temps (54 %).

Quatre-vingt-onze pour cent des enfants débutent la diversification entre 4 et 6 mois

Concernant la diversification, les recommandations, qui ont évolué entre les deux éditions d’Epifane, semblent être davantage suivies. Elle débute dans la fenêtre entre 4 et 6 mois pour 91 % des enfants en 2021. Seules 4 % des mères l’ont débutée avant. Par rapport à 2012, si moins d’enfants ont débuté leur diversification avant l’âge de 4 mois (4,5 % en 2021 versus 12,6 % en 2012), l’âge médian de début de diversification était un peu plus précoce en 2021 (136 versus 152 jours en 2012). La proportion d’enfants ayant commencé leur diversification alimentaire entre 4 et 6 mois est passée de 80,2 % en 2012 à 91,1 % en 2021. Enfin, les diversifications tardives (commencées au-delà de 6 mois) étaient moins nombreuses en 2021 (4,4 versus 7,4 % en 2012). Les « Fruits et légumes » et les « Pommes de terre et féculents » étaient les premiers groupes d’aliments introduits.

Encore des aliments introduits trop tard ou trop tôt

Comme en 2012, quelques aliments sont toujours introduits plus tardivement que ce qui est recommandé. Les matières grasses devraient être introduites dès le début de la diversification à 4 mois, or seuls 35 % des enfants en consommaient à 6 mois et 67 % à un an. Les œufs et les légumes secs, dont l’introduction doit être progressive à partir de 4 mois, ne sont consommés que par 38 et 33 % des enfants à un an. À l’inverse, 18 % des enfants avaient déjà consommé du lait de vache à 12 mois (souvent demi-écrémé), alors qu’il est recommandé de ne pas l’introduire avant 1 an (et entier). Enfin, les produits sucrés (chocolat, confiseries, gâteaux, crèmes dessert. . .) qu’il est recommandé de limiter et d’introduire le plus tard possible, étaient déjà consommés à 6 mois par 10 % des enfants, et à 12 mois par près des trois quarts d’entre eux. De même, à 12 mois, près de la moitié des enfants avait consommé des jus de fruit qu’il est recommandé d’éviter avant 3 ans.

Des efforts à poursuivre

Si cette deuxième édition montre une évolution positive de l’allaitement et de l’alimentation des jeunes enfants depuis 2012, elle confirme aussi que la France est toujours située derrière les autres pays européens en matière d’allaitement (77 % versus > 80 %). Pour Santé publique France, ceci souligne la nécessité d’informer davantage les professionnels de santé, les familles et les employeurs sur l’importance de l’allaitement, de rendre plus lisibles les informations sur l’alimentation du jeune enfant et de poursuivre les actions de soutien et d’accompagnement des femmes au cours de leur séjour à la maternité et à leur retour à domicile.

Santé publique France soutient déjà des initiatives comme l’Initiative Hôpitaux Amis des Bébés (IHAB) qui encourage, soutient et protège l’allaitement. Ce label a été associé à une amélioration des résultats de l’allaitement dans de nombreux pays. En France, une étude publiée en juin dernier rapporte que les mères qui accouchent dans des maternités labellisées IHAB ont des taux d’allaitement exclusif plus élevés et des taux d’allaitement mixte plus faibles que celles qui accouchent dans des maternités non labellisées.

Santé publique France a aussi mené des travaux à l’échelle européenne sur les pratiques d’allaitement lors du retour au travail et qui montrent que certaines situations favorisent le maintien de l’allaitement après le retour au travail comme le fait d’être travailleur indépendant, d’être dans une profession non manuelle avec une flexibilité horaire, de disposer de salles d’allaitement au travail et de bénéficier de soutien sur le lieu de travail.

Ces données encourageantes doivent cependant être modérées par le fait que le recrutement des naissances incluses dans l’étude a eu lieu pendant la période de la crise de Covid-19. Le contexte de confinement et le recours au télétravail ont pu contribuer à des conditions plus favorables à l’allaitement maternel et ces résultats pourraient n’être que conjoncturels. Une troisième édition d’Epifane, planifiée pour 2027 nous le dira.

Salanave B, Lebreton E, Demiguel V, Regnault N,
« Epifane 2021 Study Group. Alimentation des nourrissons pendant leur première année de vie. Résultats de l’étude Épifane 2021. Santé publique France, 2024. www.santepubliquefrance.fr.

C. Costa

Date de publication : 20/11/2024

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