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Dans son dernier rapport, l’UNICEF appelle à intégrer l’éducation alimentaire dans les programmes scolaires à l’échelle mondiale pour favoriser des habitudes saines et durables dès le plus jeune âge.

L’UNICEF souligne le rôle majeur des repas scolaires sur la santé et l’apprentissage des enfants. Pour Audrey Azoulay, la directrice générale de l’UNICEF, « Grâce aux investissements conduits ces dernières années, près de la moitié des élèves d’école primaire dans le monde a désormais accès à des repas scolaires. Mais il faut aller plus loin en s’intéressant au contenu de l’assiette. Il faut privilégier des plats équilibrés, à partir de produits frais, et transmettre aux enfants les bons réflexes alimentaires qui leur assurent de grandir en bonne santé. C’est un enjeu majeur pour la santé et l’éducation. » L’UNICEF prône donc le recours à des aliments de meilleure qualité nutritionnelle, plus sains et plus nutritifs, ainsi que l’inscription de l’éducation à l’alimentation dans les programmes scolaires.

Réalisé en partenariat avec le Research Consortium for School Health and Nutrition et dirigé par la London School of Hygiene and Tropical Medicine, ce rapport est le deuxième volet d’une série publiée par le « Rapport mondial de suivi sur l’éducation », visant à faire progresser la recherche et le suivi de l’interrelation entre l’éducation et les autres objectifs de développement durable (ODD).

Un constat préoccupant

Ce rapport révèle qu’en 2022, près d’un tiers (27 %) des repas scolaires dans le monde n’étaient pas conçus en consultation avec des nutritionnistes. Seuls 93 pays (sur 187 évalués) disposaient alors d’une législation, de normes ou d’orientations en matière d’alimentation et de boissons à l’école. Et parmi ces 93 pays, seuls 65 % étaient dotés de normes encadrant la vente des aliments et boissons dans les cafétérias, les magasins d’alimentation et les distributeurs automatiques situés en milieu scolaire. Ce manque de cadre et de suivi sur le contenu des aliments qui sont servis aux élèves devrait être une préoccupation majeure quand on sait que le taux d’obésité chez les enfants en âge d’être scolarisés a plus que doublé dans la plupart des pays depuis 1990 et que l’insécurité alimentaire continue à augmenter à travers le monde.

La nutrition et l’éducation sont interconnectées et influencent le bien-être

Une bonne nutrition durant la petite enfance est cruciale pour le développement du cerveau et pour les fonctions cognitives. Par exemple, en Jamaïque, les enfants ayant bénéficié d’un programme nutritionnel ciblé dans les années 1980 ont montré de meilleurs résultats d’apprentissage à l’âge adulte. De plus, les repas scolaires améliorent le taux de scolarisation (+9 %) et l’assiduité (+8 %) des élèves, tout en améliorant leurs résultats d’apprentissage. Ainsi, en Chine, les réformes introduisant des légumes, du lait et des œufs dans les écoles rurales ont augmenté l’apport en nutriments des enfants et contribué à accroître la fréquentation des écoles. Au Nigéria, le programme d’alimentation scolaire issue de la production locale lancé en 2014, visant à fournir chaque jour un repas équilibré et gratuit dans toutes les écoles primaires, a permis d’augmenter de 20 % le taux de scolarisation. Et en Inde, l’introduction de millet perlé bio fortifié, riche en fer, dans les repas scolaires de l’État du Maharashtra a permis d’améliorer l’attention et la mémoire des adolescents.

Enfin, l’insécurité alimentaire affecte les capacités cognitives à l’âge adulte comme en Afrique du Sud et aux États-Unis, où les étudiants universitaires en situation de précarité alimentaire étaient moins susceptibles de réussir académiquement.

Cinq recommandations pour que les enfants mangent mieux

L’UNICEF formule plusieurs recommandations pour conduire les enfants vers une meilleure alimentation, et préconise d’adopter une approche plus holistique en :

  1. Transformant l’éducation nutritionnelle en un apprentissage tout au long de la vie : il s’agit d’intégrer systématiquement l’éducation alimentaire dans les efforts éducatifs, à l’école et au-delà, mais aussi d’équilibrer les connaissances théoriques avec l’apprentissage expérientiel, par exemple à travers le jardinage et la cuisine.
  2. Plaçant les écoles au centre des efforts pour influencer les comportements et produire des résultats nutritionnels durables : ceci peut se traduire par la mise en place des programmes universels et nutritifs de repas scolaires, utilisant des ressources locales et intégrant de l’éducation nutritionnelle dans les programmes de repas scolaires pour promouvoir des habitudes saines et durables.
  3. Adoptant une approche multisectorielle pour mettre en œuvre des interventions nutritionnelles efficaces : différents secteurs, notamment l’éducation, doivent collaborer pour relever les défis nutritionnels. Les politiques en matière de nutrition, de santé et d’agriculture devraient intégrer des composantes éducatives. Les partenariats intersectoriels devraient mettre l’accent sur le rôle de l’éducation et des actions de communication pour atteindre les objectifs nutritionnels.
  4. Développant les capacités professionnelles à travers l’éducation et la formation pour atteindre les objectifs nutritionnels : il s’agit d’intégrer des programmes complets de nutrition dans la formation des médecins, des infirmiers et des travailleurs de la santé communautaire (En 2022, seuls 14 % des pays couvraient le sujet de l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants dans le programme de leur formation). Il faut aussi investir dans l’expertise en nutrition pour développer les programmes de restauration scolaire, réformer l’éducation agricole pour y intégrer des pratiques durables et établir dans les établissements d’enseignement supérieur des cadres éducatifs mettant l’accent sur la nutrition, la durabilité environnementale et la justice alimentaire.
  5. Assurant le suivi de la relation entre l’éducation et la nutrition tout au long du cycle de vie, c’est-à-dire améliorer la recherche sur les liens entre éducation et nutrition au-delà des 1000 premiers jours et affiner l’indicateur thématique de l’objectif de développement durable no 4 sur la couverture des repas scolaires afin de mieux cadrer les objectifs politiques nationaux, notamment en matière de qualité.

L’UNICEF développera cette année une série d’outils pour les États et les professionnels de l’éducation visant à mieux intégrer ces enjeux de santé et de nutrition, dont un manuel pratique et un programme de formation.

Reference
Éducation et nutrition : apprendre à manger mieux (résumé exécutif). Équipe du Rapport mondial de suivi sur l’éducation, London School of Hygiene and Tropical Medicine. https://doi.org/10.54676/RFQX4240

C. Costa © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Date de publication : 26/09/2025

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