Surpoids, obésité : accompagner les femmes à chaque étape de leur vie

La HAS vient d’éditer une fiche pratique sur les actions à mettre en œuvre en prévention et dès le diagnostic d’un surpoids ou d’une obésité à chaque étape de la vie d’une femme. Elle s’adresse à tous les professionnels de santé qui suivent la femme.

À l’occasion de la journée mondiale de l’obésité, la HAS a publié une fiche sur le dépistage et l’accompagnement des femmes en surpoids ou obèses. Cette fiche présente les actions à mettre en œuvre en prévention et dès le diagnostic d’un surpoids ou d’une obésité à chaque étape de la vie d’une femme. Elle complète les derniers travaux publiés en 2024 sur l’actualisation du parcours de soins chez l’adulte et la publication de recommandations sur la prise en charge pré et post chirurgie bariatrique.

Dépister systématiquement une situation de surpoids ou d’obésité

Aux professionnels de santé, la HAS recommande de calculer l’indice de masse corporelle ou de mesurer le tour de taille (en cas de surpoids), et d’en suivre l’évolution à chaque consultation médicale et lors des bilans de prévention, lors de demandes de contraception ou de son arrêt, de dépistage de cancers, de consultation pré conceptionnelle, d’exploration d’une infertilité, d’entretien prénatal précoce, de consultation de suivi d’accouchement, de périménopause et ménopause.

Prendre soin sans stigmatiser

La HAS formule quelques recommandations pour ne pas ajouter à la stigmatisation déjà subie par les femmes en surpoids ou en obésité. Il s’agit par exemple d’utiliser du matériel de consultation adapté à la corpulence des patientes, de demander leur accord avant d’aborder la question du poids et des habitudes de vie, ou encore d’éviter de blesser, de culpabiliser lors de l’annonce du diagnostic (choix des mots et attitude de non-jugement et d’ouverture). Il faudrait savoir aborder avec tact et sans préjugés toute préoccupation de la femme pour son poids, son image, son rapport au corps. Ceci demande également d’être attentif à toute vulnérabilité sociale (fragilité matérielle, isolement, solitude), psychique, situations à risque passées ou présentes (maltraitance, abus, harcèlement, violences, etc.), de repérer toute pratique de contrôle excessif du poids, d’éventuelles difficultés psychologiques, troubles psychiatriques, conduites addictives. Enfin, le soignant devra être vigilant face aux signes de découragement, de détresse psychologique, de reprise des troubles des comportements alimentaires ou des conduites addictives. La HAS conseille aussi de faire appel à un psychologue, un psychiatre, un diététicien, un travailleur social ou de rediriger le patient vers une association d’usagers.

Coconstruire un projet de soins personnalisé

Dès le diagnostic d’un surpoids ou d’une obésité, un projet de soin personnalisé doit être coconstruit avec la patiente et coordonné par le médecin généraliste, en lien avec les autres professionnels de santé (gynécologue, sage-femme, etc.). Il s’agit tout d’abord d’évaluer le retentissement et les complications du surpoids ou de l’obésité sur la santé globale (une annexe détaille l’examen clinique et les explorations complémentaires à réaliser). L’évaluation doit être multidimensionnelle pour comprendre les causes et conséquences du problème de poids, les attentes et besoins de la femme. Les soins doivent être pluridimensionnels et gradués selon le niveau de complexité de l’obésité (une annexe définit la complexité et les soins). Les objectifs à atteindre doivent être formulés avec la personne. L’état de santé global de la patiente sera suivi régulièrement et aussi longtemps que nécessaire. Les progrès réalisés, les difficultés, les bilans médicaux et ceux des professionnels impliqués dans le parcours seront l’occasion de réajuster les soins.

Accompagner les modifications des habitudes de vie

L’augmentation de l’activité physique et la diminution de la sédentarité sont indispensables à l’amélioration de la santé des sujets en surpoids ou en situation d’obésité. Il est recommandé de valoriser les comportements favorables à la santé et d’accompagner les modifications des habitudes de vie (augmentation de l’activité physique, diminution des comportements sédentaires, amélioration de l’alimentation et du sommeil). Le professionnel de santé devra s’intéresser aux freins et leviers à ces modifications, aider la patiente à identifier les moyens d’y parvenir, en expliquer les bénéfices, prescrire une activité physique adaptée supervisée par un professionnel. En annexe de la fiche, figurent plusieurs conseils pratiques à transmettre aux patients qui souhaitent se rapprocher des recommandations.

Concernant l’alimentation et les rythmes de vie, il s’agira d’explorer, avec tact, les habitudes alimentaires et leur contexte, et de rechercher avec la femme comment les améliorer (le rôle structurant des repas doit être valorisé). Aide alimentaire et soutien d’un diététicien pourront être conseillés. En annexe, quelques conseils diététiques sont formulés comme de s’assurer, par exemple, que chaque repas contient des aliments générant la satiété (fruits et légumes, légumes secs, fruits à coque), que les préparations sont « faites maison », que les repas sont réguliers, la mastication lente ou encore les écrans évités. Les aliments complets sont recommandés ainsi que l’alternance de poissons maigres et gras, les huiles insaturées et le régime méditerranéen.
Enfin, la fiche propose des recommandations spécifiques à certaines étapes de la vie d’une femme : future grossesse, suivi de grossesse, période postnatale, suivi obstétrical spécialisé en cas de grossesse après chirurgie bariatrique, périménopause, ménopause. Aux professionnels de s’en saisir... Malgré toutes les limites qu’imposent souvent la situation socioéconomique contrainte de très nombreuses patientes. Rappelons en effet que la prévalence du surpoids et de l’obésité est très fortement liée au niveau économique des sujets.

Surpoids et obésité chez la femme : dépistage et accompagnement — HAS — février 2025. http://www.has-sante.fr/.

C. Costa, B. Guy-Grand © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Date de publication : 02/06/2025