Les dyslipidémies peuvent survenir de façon primitive ou secondairement à d’autres pathologies. Lorsque l’exploration a révélé des anomalies lipidiques, il est essentiel d’en déterminer le caractère primaire ou secondaire afin de prendre en charge de façon adéquate le patient. Toutefois, dans un cas comme dans l’autre, l’alimentation tient une place importante dans la prise en charge : en prévention primaire elle est une première étape indispensable avec des points d’impact multiples et des bénéfices allant au-delà de la simple amélioration de valeurs biologiques ; en prévention secondaire elle est un complément indispensable au traitement médicamenteux.
Dyslipidémie et lipides
Les lipides sont des molécules présentes majoritairement sous la forme d’acides gras. Ceux-ci sont produits par l’organisme ou apportés directement via l’alimentation. Dans le sang, on les retrouve majoritairement sous la forme de triglycérides ou de cholestérol. La dyslipidémie apparaît en cas d’anomalie lipidique au niveau d’un ou plusieurs paramètres sanguins : cholestérol total, HDL-cholestérol, LDL-cholestérol et triglycérides.
Prise en charge nutritionnelle des dyslipidémies : les règles de base 1,3
Traitement primaire de la dyslipidémie
Le traitement diététique doit être essayé pendant 3 mois avant d’envisager une prise en charge médicamenteuse. Et si ce dernier doit être instauré, la poursuite du régime diététique est indispensable.
Traitement secondaire de la dyslipidémie
Le traitement associe d’emblée :
- Régime alimentaire
- Médicament
- Correction des autres facteurs de risque (sédentarité, tabagisme...)
Un régime alimentaire basé sur 4 catégories de mesures
Un traitement diététique adapté, visant à modifier le comportement nutritionnel, et associé à la pratique d’activité physique régulière, permet d’éviter l’instauration d’un traitement médicamenteux dans de nombreux cas. Il doit pour cela être instauré avec la conviction du prescripteur et du patient.
Les modifications du régime alimentaire reposent sur 4 grandes catégories de mesures.
1. Limitation des apports en acides gras saturés au profit des acides gras mono ou poly-insaturés
La diminution des apports en acides gras saturés, en évitant les surconsommations alimentaires, représente l’objectif principal de la prise en charge nutritionnelle des patients dyslipidémiques.
Les apports lipidiques ne doivent toutefois pas dépasser 35-40 % de la ration calorique.
2. Augmentation de la consommation en acides gras polyinsaturés oméga-3
Les acides gras oméga 3, que l’on retrouve dans les huiles végétales, les poissons gras (et huiles de poisson provenant des mers froides) ont des propriétés bénéfiques hypotriglycéridémiantes. La dose recommandée par jour est de 2 g/j (EPA + DHA). 4
3. Augmentation de la consommation de fibres et micronutriments naturellement présents dans les fruits, légumes et produits céréaliers
L’apport de fibres telles que le son d’avoine, celles du soja etc... à des quantités de l’ordre de 20 à 50 g/j peut améliorer le profil lipidique. Les fruits et légumes, sources importantes de vitamines et de fibres alimentaires, peuvent contribuer à la diminution de l’index glycémique. Toutefois leur apport doit être contrôlé dans les hypertriglycéridémies car le fructose stimule la synthèse des triglycérides.
La réduction calorique liée à la restriction lipidique doit être compensée par l’apport glucidique. Les apports totaux doivent atteindre 50 - 55 % de la ration calorique totale. Les glucides complexes seront préférés aux sucres raffinés.
4. Limitation du cholestérol alimentaire
Le cholestérol alimentaire joue un rôle qualitatif important. Il existe une relation entre le taux sanguin de cholestérol et la consommation alimentaire de cholestérol, chez les sujets hypercholestérolémiques. L’apport alimentaire en cholestérol doit donc être limité aux alentours de 300 mg/j. Néanmoins, l’impact de ce dernier est variable selon les individus et son influence reste le plus souvent modeste pour des patients qui ne sont pas hypercholestérolémiques.
Les aliments les plus riches en cholestérol sont les jaunes d’œuf, le beurre et les abats (150 à 2000 mg / 100 g). Il convient donc, pour des patients hypercholestérolémiques, de choisir des aliments moins gras, de varier les sources de matières grasses et de consommer des produits en quantité adaptée : 10g de beurre et 30g de fromage par jour, des abats et des charcuteries occasionnellement, pas plus de 2 œufs par semaine.
En complément de ces recommandations, il est nécessaire que le patient limite sa consommation d’alcool, fasse de l’exercice physique et contrôle son poids :
- La recherche d’un poids satisfaisant est un objectif prioritaire dans les dyslipidémies, particulièrement dans les formes mixtes et dans l’hypertriglycéridémie isolée
- Chez les patients dyslipidémiques, l’IMC doit demeurer idéalement inférieur à 25 kg/m²
- La perte de poids est obtenue en diminuant les apports caloriques (diminution concentrée sur les aliments de haute densité énergétique tels que les lipides alimentaires et l’alcool) et en augmentant les dépenses énergétiques (activité physique).
- L’activité physique doit être adaptée à l’état physiologique du patient et notamment à son degré de surcharge pondérale. Une perte de poids de 10 % en 6 mois est un objectif réaliste.
Ce traitement diététique doit être proposé à tous les patients qui n’ont pas une concentration optimale de LDL-cholestérol au regard de leur risque cardiovasculaire global et doit être poursuivi aussi longtemps que possible. 1
Zoom sur le traitement diététique de l’hypercholestérolémie
Le traitement en pratique 5
Il est conseillé aux patients hypercholestérolémiques :
- D’avoir une consommation raisonnée de beurre : pas plus de 10 à 20g/j. Il est possible de choisir des versions allégées
- d’éviter des excès de consommation de charcuterie, à l’exception du jambon maigre
- de privilégier le poisson (2 à 3 fois par semaine, y compris des poissons gras).
- de consommer 3 produits laitiers par jour, en évitant les plus gras.
- de ne pas consommer plus de 2 œufs par semaine
- d’assurer un apport suffisant en fibres, en privilégiant la consommation de fruits, de légumes, de pain, de céréales et de féculents
- la consommation d’alcool est acceptable (< 30 g/j), mais l’apport doit être contrôlé dans les hypertriglycéridémies (et le surpoids)
À retenir sur le traitement de la dyslipidémie
Le traitement diététique doit être essayé pendant 3 mois avant d’envisager une prise en charge médicamenteuse
Le régime alimentaire est basé sur 4 catégories de mesures :
- Une limitation de l’apport en acides gras saturés au profit des acides gras mono ou polyinsaturés
- Une augmentation de la consommation en acides gras polyinsaturés oméga-3 (poissons)
- Une augmentation de la consommation de fibres et micronutriments naturellement présents dans les fruits, légumes et produits céréaliers
- Une limitation du cholestérol alimentaire
Traitements complémentaires indispensables :
- Limitation de la consommation d’alcool
- Exercice physique
- Contrôle du poids
Pour en savoir plus
Nestlé Health Science France
Sources
- Maillan G, Ratsimbazafy V, Javerliat M. Rappels sur la prise en charge du patient dyslipidémique. Actualités pharmaceutiques hospitalières 2010;23:8-15.
- Afssaps. Prise en charge thérapeutique du patient dyslipidémique. Recommandations. Mars 2005.
- Maillan G, Ratsimbazafy V, Javerliat M. les traitements diététiques des dyslipidémies. Actualités pharmaceutiques hospitalières 2010;23:16-17.
- EFSA. Scientific opinion on the substantiation of health claims related to eicosapentaenoic acid (EPA), docosahexaenoic acid (DHA), docosapentaenoic acid (DPA) and maintenance of normal cardiac function (ID 504, 506, 516, 527, 538, 703, 1128, 1317, 1324, 1325), maintenance of normal blood glucose concentrations (ID 566), maintenance of normal blood pressure (ID 506, 516, 703, 1317, 1324), maintenance of normal blood HDL-cholesterol concentrations (ID 506), maintenance of normal (fasting) blood concentrations of triglycerides (ID 506, 527, 538, 1317, 1324, 1325), maintenance of normal blood LDL-cholesterol concentrations (ID 527, 538, 1317, 1325, 4689), protection of the skin from photo-oxidative (UV-induced) damage (ID 530), improved absorption of EPA and DHA (ID 522, 523), contribution to the normal function of the immune system by decreasing the levels of eicosanoids, arachidonic acid-derived mediators and pro-inflammatory cytokines (ID 520, 2914), and “immunomodulating agent” (4690) pursuant to Article 13(1) of Regulation (EC) No 1924/2006. EFSA Journal 2010;8(10):1796.
- Afssaps. Prise en charge thérapeutique du patient dyslipidémique. Argumentaire. Mars 2005.
Date de mise à jour : 08/06/2023