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Le temps de sommeil est un facteur essentiel de notre équilibre physique et psychologique. D’après le baromètre de Santé Public France, qui a lancé une étude sur le sommeil, la dette de sommeil tend à augmenter au sein de la population. De nombreux facteurs sont mis en cause ainsi que des différences significatives suivant l’âge et le sexe.

On le sait, le sommeil est un facteur essentiel d’équilibre psychologique et de récupération autant physique que mentale. Ce moment personnel et intime de nos habitudes de vie serait-il en train de disparaître ? C’est le sujet du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire du 12 mars 2019.

Les données du module sommeil du baromètre de santé publique France 2017 (12 637 sujets de 18—75 ans représentatifs de la population) sont inquiétantes. En France, le temps de sommeil total par 24h chez les adultes est passé de 7h13 en 2010 à 6h55 en 2017, soit pour la première fois au-dessous des 7h recommandées. La proportion des petits dormeurs (moins de 6h) a doublé en nombre depuis 2010 et représente 35,9 % des sujets (contre 17,9 % en 2010). Les jeunes adultes et les jeunes professionnels sont les plus concernés (25 % et 33 % respectivement). Les moins diplômés, les personnes vivant seules ou dans des foyers importants, les catégories socioprofessionnelles les moins favorisées comptent aussi davantage de petits dormeurs.

En semaine, l’heure du coucher est en moyenne à 23h15 et l’heure du réveil à 6h48. Le weekend, les horaires sont, respectivement minuit et 8h10. Notons que les week-ends, le temps de sommeil total est plus long (7h26) qu’en semaine (6h42) mais ne permet pas souvent de combler la dette de sommeil accumulée pendant la semaine. Le temps de sommeil diminue avec l’âge, passant de 7h24 parmi les 18-24 ans à 6h35 chez les 45-54 ans puis remonte à 6h48 chez les 55-64 ans puis 6h58 chez les 65-75 ans.

Aux côtés des petits dormeurs figurent ceux en dette de sommeil (27,7 % dont 18,8 % en dette sévère) et ceux en restriction de sommeil (17,4 % dont 14,4% sévère). Les femmes apparaissent plus souvent en dette de sommeil que les hommes (23 % en dette sévère non compensée contre 14 % chez les hommes). La dette de sommeil semble plus importante entre 18 et 54 ans. Concernant la restriction de sommeil, elle touche davantage les 18-25 ans (25-30 %).

Quant à l’insomnie chronique, elle gâche la vie de 13,1 % des Français (16,9 % des femmes et 9,1 % des hommes). Elle est plus fréquente entre 25 et 64 ans chez les femmes (19 %), et entre 35 et 64 ans chez les hommes (10 %). Comparativement aux chiffres de 2010, elle a baissé chez les hommes uniquement et de plus de 45 ans.

Le croisement de ces différents indicateurs de troubles de sommeil révèle que les courts dormeurs sont plus souvent insomniaques que les autres, de même que les personnes en dette de sommeil, surtout si elle est sévère.

La proportion de courts dormeurs et de sujets en dette de sommeil inquiète les autorités publiques. Car dormir moins de 6h réduit non seulement la vigilance mais expose aussi à un plus grand risque d’obésité, d’hypertension, de diabète de type 2 ou encore de pathologies cardiaques.

Les raisons pouvant expliquer le déclin du temps de sommeil sont multiples. L’augmentation du nombre de travailleurs de nuit (4,3 millions en 2013 contre 3,3 millions en 1990) dont on sait qu’ils dorment moins que les travailleurs de jour est citée. L’accroissement du temps de trajet entre le domicile et le lieu de travail, responsable de départ précoce et de retour tardif à la maison est aussi évoqué. L’augmentation du temps passé devant les écrans est clairement impliqué, sans compter le bruit (trafic routier, aérien, terrasses des cafés…) et la pollution lumineuse en ville, qui sont aussi des perturbateurs du sommeil.

Enfin, la consommation de substances psychoactives (tabac, alcool, cannabis, drogues), évaluée dans le baromètre de santé publique France aurait également un impact sur le sommeil. Les fumeurs quotidiens, peu ou fortement dépendants, sont plus fréquemment courts dormeurs que les fumeurs occasionnels et les non-fumeurs. Les fumeurs quotidiens fortement dépendants sont également nettement plus sujets à l’insomnie chronique que les autres fumeurs et les non-fumeurs. En revanche, le sommeil court et l’insomnie chronique ne sont pas significativement associés aux consommations d’alcool, de cannabis ou d’autres drogues illicites.

Le comportement de sommeil a certainement encore des implications sur la santé à livrer et semble être, en cela, un déterminant majeur dans l’éducation pour la santé, au même titre que la nutrition et l’exercice physique.

 C. Costa  « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés »

Le temps de sommeil en France. BEH no 8-9 12 mars 2019. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/8-9/2019_8-9_0.html

Date de publication : 15/07/2019

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