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Après deux années de discussion, une nouvelle définition de l’obésité fait consensus et distingue l’obésité clinique de l’obésité préclinique. Voici comment les mesurer, les différencier et quels soins recommander.

Une commission internationale d’experts de la santé s’est entendue sur une nouvelle définition de l’obésité, redéfinie bien au-delà de l’IMC et qu’elle a publié dans la revue The Lancet Diabetes & Endocrinology, accompagnée de recommandations, toutes approuvées par 76 organisations de sociétés scientifiques et de défense des patients. Le point sur les principaux éléments de cette définition avant une synthèse plus développée de cette actualité dans un prochain numéro.

Deux années de discussion

Face à la prévalence élevée de l’obésité, qui concerne près d’un huitième de la population mondiale, et en l’absence de consensus mondial sur sa classification et sa définition, la commission, réunissant 58 experts internationaux, s’est mise en place. Pour ces experts, l’obésité n’est présentée et étudiée que comme un signe avant-coureur d’autres maladies et n’a jamais été considérée comme un état pathologique à part entière. C’est désormais chose faite. Après deux années de discussion, cette commission a établi des critères objectifs de diagnostic de l’obésité, en différenciant l’obésité clinique (maladie), de l’obésité préclinique (facteur de risque de maladies).

Deux définitions pour deux types d’obésité

La Commission définit l’obésité comme une affection caractérisée par un excès d’adiposité, avec ou sans distribution ou fonction anormale du tissu adipeux, et dont les causes sont multifactorielles et encore incomplètement comprises.

L’obésité clinique est définie comme une maladie chronique et systémique caractérisée par des altérations de la fonction des tissus, des organes, de l’individu entier, ou d’une combinaison de ceux-ci, en raison d’un excès d’adiposité. L’obésité clinique peut entraîner de graves lésions aux organes cibles, provoquant des complications qui peuvent avoir des conséquences graves (crise cardiaque, accident vasculaire cérébral et insuffisance rénale).

L’obésité préclinique est définie comme un état d’adiposité excessive avec une fonction préservée d’autres tissus et organes et un risque variable, mais avec un risque accru de développer une obésité clinique et plusieurs autres maladies non transmissibles (diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, certains types de cancer et troubles mentaux).

Mesurer l’obésité autrement

La Commission recommande que l’IMC ne soit utilisé que comme mesure de substitution du risque pour la santé à l’échelle de la population, pour des études épidémiologiques ou à des fins de dépistage, plutôt que comme mesure individuelle de la santé. L’excès d’adiposité doit être confirmé soit par une mesure directe de la graisse corporelle, le cas échéant, soit par au moins un critère anthropométrique (circonférence de la taille, rapport taille/hanches ou rapport taille/taille) en plus de l’IMC. Chez les personnes ayant un IMC très élevé (c’est-à-dire > 40 kg/m2), l’excès d’adiposité peut être supposé sans aucune autre confirmation requise.

Le diagnostic de l’obésité clinique nécessite l’un ou les deux critères principaux suivants : (1) la preuve d’une fonction réduite d’un organe ou d’un tissu due à l’obésité (c’est-à-dire des signes, des symptômes ou des tests diagnostiques montrant des anomalies dans la fonction d’un ou plusieurs tissus ou systèmes organiques) ; (2) et/ou des limitations substantielles et ajustées en fonction de l’âge des activités quotidiennes reflétant l’effet spécifique de l’obésité sur la mobilité, d’autres activités de base de la vie quotidienne (p. ex., se laver, s’habiller, aller aux toilettes, continence et manger).

Des implications pour les soins et les politiques

Pour les experts, les personnes atteintes d’obésité clinique devraient recevoir un traitement opportun et fondé sur des données probantes, dans le but d’induire une amélioration (ou une rémission, si possible) des manifestations cliniques de l’obésité et d’éviter la progression vers des lésions aux organes cibles.

Les personnes atteintes d’obésité préclinique devraient faire l’objet de conseils de santé (fondés sur des données probantes), d’un suivi de leur état de santé au fil du temps et, le cas échéant, d’une intervention appropriée pour réduire le risque de développer une obésité clinique et d’autres maladies liées à l’obésité, en fonction du niveau de risque pour la santé individuelle.

Quant aux décideurs politiques et aux autorités sanitaires, ils devraient garantir un accès adéquat et équitable aux traitements disponibles (fondés sur des données probantes) pour les personnes atteintes d’obésité clinique, le cas échéant pour les personnes atteintes d’une maladie chronique et potentiellement mortelle.

Reste à voir si ce recadrage, qui sans aucun doute mérite une analyse critique à venir, éclairera les politiques de santé publique et facilitera le choix des stratégies de prévention et de traitement.

Source : Rubino F, et al. Definition and diagnostic criteria of clinical obesity. The Lancet Diabetes & Endocrinology Commission — January 14, 2025. https://www.thelancet.com/ journals/landia/article/PIIS2213-8587(24)00316-4/fulltext

C. Costa  © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Date de publication : 24/04/2025

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