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Certains aliments et régimes alimentaires sont suspectés d’influencer le risque de développer une endométriose. La nutrition peut-elle aussi en réduire les symptômes ?

Les données de la littérature rapportent un lien entre l’endométriose et des facteurs présents à différentes périodes la vie (période périnatale, enfance, adolescence et âge adulte) comme le faible poids de naissance, un âge précoce aux premières règles, des cycles menstruels courts et un faible indice de masse corporelle. Deux questions différentes se posent concernant l’influence de la nutrition : (1) la nutrition a-t-elle un impact sur le risque de développer une endométriose dans la population générale ? (2) La nutrition a-t-elle une influence sur les symptômes de la maladie chez les patientes ?

Des pistes mais pas de certitudes

À la première question, on peut répondre qu’il est possible que la nutrition joue un rôle dans l’étiologie de la maladie selon différents mécanismes comme la régulation du métabolisme des hormones, l’effet sur les contractions musculaires et notamment utérines, et la régulation de divers mécanismes biologiques comme l’inflammation, le stress oxydatif ou encore la régulation du cycle menstruel. Toutefois, la recherche de preuves est rendue difficile par le délai important (7 à 12 ans) entre les habitudes alimentaires passées et le diagnostic de la maladie. Une revue de la littérature et une méta-analyse indiquent une diminution de 10 % du risque de développer une endométriose avec les produits laitiers de manière générale mais pas avec des types de produits laitiers en particulier. À l’inverse, le risque serait augmenté avec la viande rouge, les graisses saturées et trans-insaturées. Aucune association n’est trouvée avec les fruits et légumes. Enfin, la viande rouge serait associée à une augmentation de 17 % du risque d’endométriose. Toutefois, les habitudes alimentaires renseignées dans ces études sont souvent celles adoptées à l’annonce de l’endométriose.

Des associations avec les régimes pro-inflammatoires 

Les données de la Nurses’ Health Study, qui est à ce jour la seule étude permettant une analyse de ces associations de manière temporelle (alimentation collectée tous les quatre ans depuis 1989), ont permis de réaliser des analyses décalées de l’alimentation par rapport au diagnostic d’endométriose. Elles montrent que la consommation de légumes crucifères est associée positivement au risque d’endométriose mais que ceci est probablement lié au syndrome de l’intestin irritable très souvent concomitant. Il existe aussi une association positive avec l’index glycémique et une association inverse avec les agrumes, les fibres de céréales et de fruits, mais pas avec les fruits et légumes totaux. Une analyse plus récente de ces données a montré qu’il existe une association positive entre le risque d’endométriose et l’alimentation de type « Western diet » ou avec un profil alimentaire pro inflammatoire (boissons sucrées, céréales raffinées, charcuterie et certains légumes). À l’inverse, un profil alimentaire sain de type « alternative healthy eating Index », était associé de manière inverse au risque d’endométriose. L’analyse de biomarqueurs biologiques a permis aussi d’établir un profil alimentaire associé à l’estradiol dans la phase lutéale du cycle menstruel qui était inversement associé au risque d’endométriose.

Aucun régime n’a prouvé d’effet bénéfique sur les symptômes

À la question de l’impact de la nutrition sur les symptômes de la maladie, Marina Kvaskoff répond que l’influence d’autres effets d’ordre psychosociaux empêche toute conclusion. Les données actuelles ne permettent pas de déterminer si l’adhésion à une alimentation saine peut supprimer les symptômes douloureux de la maladie. Aucun régime ayant été étudié jusqu’à présent ne semble apporter des bénéfices. Actuellement, les soignants recommandent une alimentation saine et anti-inflammatoire de façon empirique.

Source : Marina Kvaskoff. Liens entre nutrition et endométriose. JFN 2024 Strasbourg. http://www.lesjfn.fr/

C. Costa  © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Date de publication : 15/05/2025

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